Le Fort Thüngen, dont le réduit restauré renferme le Musée de la Forteresse, se situe au nord-est de la ville de Luxembourg en bordure du plateau du Kirchberg. On accède au site à pied en suivant le circuit Vauban (départ au Bock) ou en voiture par le plateau du Kirchberg en empruntant le pont Grand-Duchesse-Charlotte et l'avenue John-F.-Kennedy. Il existe encore une variante pittoresque venant de Clausen passant par le Milliounewée via la rue Jules Wilhelm.

Le Fort Thüngen, qui doit son nom au commandant autrichien de la ville, Adam Sigmund Freiherr von Thüngen, a été construit en 1732 autour d'une tour d'observation, que l'ingénieur militaire Sébastien Le Prestre de Vauban, avait fait ériger en 1688 sous le nom de « Redoute Hauteur du Parc », en avant des glacis de l'ouvrage à corne « Obergrünewald » et qui servait à l'époque comme poste d'observation. Lorsque les Autrichiens décidèrent de renforcer tout le système défensif de la forteresse de Luxembourg, l'ingénieur Simon De Beauffe conçut entre autre une série de 8 ouvrages en forme de flèche, qui formaient la troisième ceinture de fortification d'un système défensif impressionnant autour de la ville de Luxembourg. Le Fort Thüngen quant à lui, avait pour mission de contrôler, avec son voisin le Fort Olizy, toute la partie sud-ouest du plateau de Kirchberg et d'empêcher ainsi l'ennemi, d'y installer ses batteries de canons. En 1836, alors que Luxembourg faisait partie des forteresses de la Confédération Germanique et que la place forte se trouvait sous contrôle prussien, le réduit est modernisé par l'aménagement de grandes casemates et par la construction des trois tourelles dont les clefs des coupoles sont prolongées vers l'extérieur par des glands de chêne, d'où le nom populaire du site de « Dräi Eechelen » ( Trois Glands).

On accédait jadis au fort par un chemin creux, en venant du Fort Obergrünewald ou par une galerie souterraine de 169 m de long encore praticable aujourd'hui et qui est intégrée dans le parcours du Circuit Vauban. Le Fort Thüngen était composé d'un grand réduit principal, couvrant une surface d'environ 950 m2 et qui était protégé par une enveloppe très étendue, au centre de laquelle l'ancienne redoute de Vauban jouait le rôle de réduit. Un fossé intérieur dont le fond pouvait être défendu par une caponnière séparait le grand réduit de son enveloppe. Entre le chemin couvert, avec les glacis extérieurs et l'enveloppe se trouvait le large fossé extérieur. Deux lunettes casematées avaient comme mission de protéger les défenses extérieures et renforçaient ainsi considérablement l'ouvrage. En sous-sol, un système de contre-mines très astucieux, composé de 71 fourneaux à mines, reliés par une trentaine de galeries empêchait toute approche souterraine.

Comme suite au Traité de Londres signé en 1867, la forteresse de Luxembourg a du être démantelée et les restes du Fort Thüngen ont disparus sous une couche de terre recouverte, par une végétation dense pour la durée d'une centaine d'année. Il fallut attendre jusqu'en 1991 pour voir réapparaître ce que les démolisseurs du 19e siècle, avaient bien voulu nous laisser.

Dans le cadre de la mise en valeur du patrimoine fortifié de la Ville de Luxembourg et de l'aménagement de l'itinéraire culturel Vauban, de grandes parties du Fort Thüngen sont en train d'être restaurées et le réduit est réhabilité en Musée de la Forteresse. La loi relative à ce projet a été votée en 1996 par la Chambre des Députés et le Service des Sites et Monuments nationaux, comme maître de l'œuvre, a entamé les travaux immédiatement après ce vote. Les travaux de consolidation et de restauration du monument se déroulent conformément aux chartes internationales en vigueur. Ainsi les parties restaurées sont marquées d'un joint de démarcation plus large pour différencier clairement les parties historiques de celles contemporaines. Une recherche archéologique menée en parallèle aux travaux de gros-œuvre, a permis d'identifier et de dater tous les éléments des vestiges et les résultats de l'étude historique et scientifique seront intégrés dans le programme muséologique.

La fin de ce chantier hors du commun est prévue pour début 2003. La restauration aura permis à un des ouvrages militaires les plus importants de la place forte de Luxembourg, de regagner non seulement son gabarit d'origine, mais également son identité historique tout en offrant aux visiteurs une multitude d'informations sur la forteresse de Luxembourg, en particulier et l'architecture militaire en générale.